Robert Genicot

L’austérité en question

European Parliament – par Tredford04

Ce mercredi 14 novembre toute l’Europe se mobilise pour une journée contre l’austérité. Manifestations, grèves, actions diverses, tout le monde semble vouloir se réunir sous un même mot d’ordre: lutter contre la vie chère, celle qui pousse des personnes à commettre l’irréparable. Bruxelles, capitale de l’Europe connaîtra un grand rassemblement organisé par la CES (Confédération européenne des Syndicats). Mais quels sont les risques de l’austérité dans nos civilisations?

On le constate tous les jours, les prix ne font qu’augmenter. Le panier de la ménagère pèse de plus en plus lourdement sur les budgets des ménages. De plus en plus de familles ne peuvent terminer le mois, dans des conditions dignes. Certains, au bout du rouleau, passent à l’acte du non retour. Cela se voit dans des pays comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal, l’Italie ou encore l’Irlande (même si on en parle moins), et pourrait s’étendre aux contrées soi-disant « plus riches ». L’Europe semble avoir fait plus de dégâts que de bien. Cette journée devrait marquer le « ras le bol » des européens, en espérant être entendus par les instances dirigeantes de cette Union, qui peine à s’unifier.

Dans un contexte difficile, certains -comme les syndicats- n’hésitent pas à lancer l’idée que cette austérité contribuera à menacer la démocratie. Base incontournable de l’Europe, on ne peut imaginer voir nos pays quitter ce mode de fonctionnement, et se tourner vers ce contre quoi nos anciens se sont battus. Certes, mais dans les faits on constate des révolutions un peu partout. Car, entre nous, le « Printemps Arabe » pourrait très bien devenir « l’Automne Européen ». Nous n’en sommes pas très loin.

La Grèce au bord du gouffre, et c’est peu dire. L’Espagne confrontée à la pire crise depuis Franco. Deux exemples faisant le tour des télés, mais en y regardant de plus près, d’autres pays du Sud (Italie, Portugal) ne se portent pas mieux, et sont au bord de l’implosion budgétaire. Et puis, se trouve la Belgique. Pas brillant non plus. Un « trou » de plus de 3 milliards d’€, pour un budget 2013. Et comment trouver cet argent? Tout naturellement, pour le gouvernement, sur le compte des habitants. C’est à dire, augmenter la TVA (taxe sur la valeur ajoutée des produits et services), ou encore appliquer un saut d’index (les salaires étant indexés), ce qui ferait augmenter les recettes de l’État, mais contribuerait aussi à la « non-relance » de l’économie.

L’Europe va mal, on ne peut se le cacher. L’Europe doit prendre des mesures, mais ne peut se suicider. Pendant ce temps, cette même Europe se plie en quatre pour sauver les banques, et tout ce système qui fit tellement de dégâts ces dernières années. L’Europe est à un tournant de son Histoire, à elle d’en tirer les conséquences, et entendre le signal fort des européens.

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Chercher le fric, même s’il faut écraser les sans emplois

Secret de polichinelle ou pas, personne ne peut ignorer que nous traversons une énième crise en Europe. Crise économique, poussant les industriels à la délocalisation, et donc à la fermeture des usines. Le cas se présente avec la récente annonce des patrons de Ford à Genk (localité flamande située dans le Limbourg, et dont vous pouvez lire le billet ICI), plaçant dix milles emplois en porte-à-faux, mais bien cet exemple, s’il est spectaculaire dans les chiffres, cache toutes les fermetures de PME (Petites et Moyennes Entreprises) dont la Belgique est confrontée tous les jours.

Aux côtés de ceci, l’économie s’en ressent, et le gouvernement -si difficilement formé (plus de 540 jours de négociation)- doit trouver, pour boucler son budget 2013, plus de quatre milliards d’euros. Chose particulièrement ardue dans ces moments de crise, où chacun veut garder ses acquis et ne lâche rien. Tous les départements ministériels devraient contribuer à l’effort, mais comme la Belgique n’a rien de logique: ici, Monsieur, on ne fait pas comme ça.

La dernière histoire belge

En effet, petit pays (11.000.000 d’habitants), qui ne peut se défendre contre n’importe quelle attaque au point de vue militaire, dans l’état actuel du matériel et des hommes (il n’y a plus de service obligatoire), estime qu’il lui faut plus de moyens, et son Ministre, Pieter De Crem, refuse catégoriquement de diminuer le budget de la Défense. Donc, en voilà déjà un sur lequel on ne peut compter pour renflouer les caisses. Le second, et là arrive la dernière histoire belge, s’appelle Alexandre De Croo et vient de balancer une nouvelle taxe: « Celle visant les allocations des chômeurs, les prépensionnés et les syndiqués. »

Dans un premier temps, on croit rêver. C’est le 1er avril avant l’heure. Et bien non, c’est bel et bien une des propositions que ce cher ministre libéral déposa sur la table des négociations  du budget! Les réactions ne se sont pas faites attendre, et il est fort à parier que lors de la manifestation européenne, associée à la grève générale, de ce 14 novembre à Bruxelles, les regards se tourneront « aussi » vers ces propos dévastateurs du Ministre qui fit basculer la Belgique dans une trop longue crise gouvernementale.

Mais attend! Cette mesure, apprend-t-on dans la foulée, ne valait que par son côté revanchard d’une autre intention, des socialistes cette fois, de taxer les plus grosses fortunes du pays. Alors quoi, on ne sait pas discuter de choses enrichissantes pour le peuple? Il faut passer par des guéguerres pour faire avancer les choses? C’est vraiment du n’importe quoi, et si cela ne touchait pas aux plus faibles, on pourrait se croire dans une cours de récréation. Mais voilà, on veut bien admettre que cela ne passera pas, et qu’effectivement il s’agit d’une sorte d’intimidation, tout au plus de la provocation. Mais on ne joue pas avec les émotions, et le portefeuille des petites gens. Car quand on parle de taxer les chômeurs et les prépensionnés, on s’attaque aux couches les plus défavorisées de la société. Et de là à imaginer que l’an prochain, faute de trouver une solution à la relance économique, le budget de trouve encore, et toujours, déficitaire, une nouvelle mesure taxatrice toucherait la classe moyenne. Donc, tout le monde, ou presque.

Vous nous direz, mais on est déjà trop taxés. Oui, mais avec de telles décisions, nous serons « encore plus » la vache à lait des huiles ministérielles. La réaction des moins nantis, pour l’instant silencieux, ne devrait pas tarder, si cette mesure est encore envisagée. Il ne faudrait pas croire que l’exemple de la Grèce, de l’Espagne, ne peut toucher un pays comme la Belgique. Arrêtez de rêver, Messieurs les dirigeants.

Ceci écrit, on nous signale dans le même temps, une recapitalisation –à hauteur de 5.5 milliards d’€– de la Banque Dexia, celle qui plongea les « petits » épargnants dans une misère noire, allant jusque la perte total de leur patrimoine. Et dans un souci de continuation, la banque Belfius (née de la faillite de Dexia…) annonce la suppression de près de 1.000 emplois en Belgique, d’ici 2016.


La Belgique, grand centre commercial du tabac

La Belgique serait-elle devenue la plaque tournante du trafic de cigarettes de l’UE? Un trafic, non, mais bien l’endroit idéal pour faire de bonnes affaires, côté consommateurs de tabac en tout genre. Les prix pratiqués dans les pays limitrophes font qu’il vaut mieux faire quelques kilomètres pour s’approvisionner, que d’acheter au bar-tabac du coin.
Nous devons bien reconnaître qu’une différence d’un €, voir deux, ou même le double du prix sur un paquet de cigarettes fait réfléchir. Certes, les plus avantagés reste les habitants frontaliers, mais pas uniquement. Pour d’autres, un peu plus éloignés, même le prix d’une traversée de la Mer du Nord donne des idées et des résultats. Pour ce qui est d’Ostende, la pratique fut abandonnée avec la disparition des bateaux « rapides » (les SeaCat) reliant Douvres à la cité balnéaire. Mais cela n’arrête pas les « passeurs ». Voici quelques années, il n’était pas rare de rencontrer des Anglais à la descente des navires, traverser la place de la gare, entrer dans le premier tabacco shop venu, et remplir des sacs de voyage de la précieuse matière. Maintenant, ces adeptes font le voyage vers Calais (encore plus rapide), et prennent le bus pour se rendre dans les dites boutiques de la frontière belge.

Il faut savoir que le marché des ventes de cigarettes, en Belgique, à augmenté de plus d’un tiers en une année, et de 45% pour le tabac à rouler. De là à considérer le pays comme exportant le cancer en Europe, il n’y a qu’un pas que professionnels de la Fondation contre le Cancer franchissent allégrement (Voir la très belle enquête de nos confrères du Soir, en date du 19 octobre 2012). Mais si le prix peut résigner certaines personnes, surtout en période de crise, à arrêter de fumer, pour d’autres il n’en est pas question. Ce qui fait les beaux jours des magasins situés sur la frontière franco-belge, du côté de La Panne. La plupart viennent de le France toute proche, mais surtout d’Angleterre. L’Eurotunnel aide bien évidemment ces accrocs, mais un commerce s’y installe également. Il ne faut pas croire qu’il s’agit de consommation personnelle, on trouve également des « passeurs » de cigarettes, par fardes complètes. En fait, le prix d’une cartouche, en moyenne, est de 36 € en Belgique, alors qu’elle coûte 65 en France, et … près de 100€ en Grande-Bretagne. il n’y a vraiment pas photo.

Un témoignage fait état d’un voyage de plus de 1.000 km pour s’approvisionner en tabac, avec encore du bénéfice. Les sommes dépensées s’expriment en centaines d’euros (minimum 500, pour les « pros »). D’autant que ce marché devient florissant pour d’autres acteurs, que les patrons de magasins et les consommateurs. En effet, des compagnies de transports attirent les clients par des « voyages organisés », au départ de l’île. Un aller-retour coûte en moyenne 50€, par personne. Le calcul est rapidement fait… Sans compter l’apport pour l’État, grâce aux taxes faramineuses dont le tabac est soumis.

Comme le disait un ami (ce n’est pas beau de parler à la première personne…), si on veut vraiment lutter contre le cancer du tabagisme, il faut simplement interdire les ventes de tabac. Mais là se posent les problèmes des rentrées gouvernementales et d’emplois (plus d’une trentaine de magasins, sur quelques centaines de mètres, du côté d’Adinkerke).

Source photo: Nord Eclair.be


Sandy, pas un Shaw à l’américaine

La nuit du 29 au 30 octobre 2012 restera, très certainement, dans la mémoire des américains de par la visite de Sandy, l’ouragan venu des Caraïbes. Certes, cela se passe bien loin de notre petite Belgique, mais pour moi, cela me touche en raison de la présence à New-York d’un ami très cher, et de sa compagne. Explications!Voici une petite dizaine d’années, alors que je revenais vers le journalisme, en sévissant sur le Net pour couvrir les courses cyclistes, un jeune « gamin » m’impressionna dans son style et sa grande maturité rédactionnelle. Sur le site Français où nous écrivions, en 2004, l’habitude voulait de laisser faire des adolescents aux capacités informatiques, et excellant dans l’art du copier/coller. Cette philosophie ne pouvait me séduire, aussi je décidais de voler de mes propres ailes, sans trop rien connaître à la toile, et surtout aux techniques du Net, à ses langages, à ses ficelles de mise en page et autres. Aussi, ayant le « nez fin », l’appui d’un individu capable, à lui seul, de remplacer toute une équipe était le bien venu. Je n’ai pas démarché le gaillard, il est venu de lui-même, et cette arrivée fit que le site créé, Cycling-Review.eu (devenu depuis CyclismeRevue.eu) eut un certain succès, et se trouve toujours actif à l’heure actuelle.

Nous avons travaillé sans compter nos heures pendant cinq ans, et la complicité forgea une amitié filiale sans retenue. Aujourd’hui, notre homme trouva un emploi de journaliste professionnel, s’occupe toujours de sports, mais n’a rien perdu de sa volonté de faire tourner notre « petite entreprise », et rien que pour cela je l’en remercie. Mais le fait du jour appartient à l’actualité bien réelle. Grégory Ienco, puisque c’est de lui qu’il s’agit, décida avec sa compagne Avalon, de se rendre pour les vacances de Toussait, à NY. Cette dernière passa une année aux States pour ses études, et c’est en terre conquise qu’ils s’envolèrent pour JFK. Personne ne pouvait imaginer l’accueil, pour ces vacances et les retrouvailles avec leurs amis à New Jersey.

La nuit dernière fut terrible, aux dires des deux tourtereaux, calfeutrés dans leur hôtel, mais en bonne santé. Grâce à sa « magie » de professionnel du journalisme, Greg parvint à nous faire vivre cette épreuve pour SudInfo.be, dont vous pouvez retrouver les moments forts. Ce ne fut pas le Shaw de Sandie (en référence à la chanteuse britannique, qui remporta l’Eurovision en 1967), ni encore moins le Sandy Show à l’Américaine, mais bien -on l’imagine- la peur de leur vie. Les USA vont payer très cher cette catastrophe naturelle. On parle (à l’heure ou nous écrivons ces lignes) de 13 morts pour les States, alors qu’il y en eu 67 aux Caraïbes, et des millions (si pas un zéro de plus) de dégâts matériels.

Je tenais à rendre hommage (pour le travail effectué) à ce talentueux garçon, et à lui exprimer toute mon amitié. Je n’oublies pas non plus sa jeune compagne, Ava (pour les intimes), qui le soutient dans ses entreprises. Revenez-nous en très bonne santé, avec la rage de vivre et cette bonne humeur qui vous caractérise. Une pensée aussi aux parents.

Merci.

R.G.

Crédits photos:
– GregIenco, l’Hudson -avant le déluge- sur FB
– rtbf.be, New Jersey, les premiers effets de Sandy


Ein avinche ou ein arcule?

Pou tertous qui s’posent à chaque fos eul’grinde question lorsqui vint l’temps ed’changi d’heure : « Ein avinche ou bien ein arcule? » Té veux un truc pour t’in rappeler…Ravise bin.

…en OCTOBRE: cha finit par RE donc on recule la t’chiote aiguille
…en AVRIL: cha qu’minche par AV donc on avinche cette t’chiote aiguille.

Ta tout compris? Ché bin… hein! (Merci à Michel)


De Wever peine, Ford ferme, le peuple ne comprend plus

Dix jours après les élections communales (municipales), et la soi-disant grande victoire des nationalistes flamands, toujours pas de majorité dans la ville du chef de file de la N-VA, Anvers. Rien de bien dramatique, puisqu’en Belgique l’habitude veut que les formations de collèges ou de gouvernements (rappelons ici la dernière crise et les 540 jours sans pilote dans l’avion Etat) trainent en longueur. Si Bart De Wever, le grand donneur de leçons, ne parvient pas à construire une équipe « communales », on le voit mal se lancer dans l’entreprise régionale de 2014. Et pendant ce temps là, on annonce la fermeture de l’usine Ford à Genk, dans le Limbourg (flamand), et la perte d’emploi de 4.500 travailleurs.

Ce chiffre, important pour un petit pays, ne peut imager toute la détresse d’une région. En effet, celui-ci représente les ouvriers, employés et cadres de Ford Genk, mais à cela il faut ajouter toute une population vivant directement ou indirectement de cette usine. On parle plutôt de 10.000 emplois supprimés. Catastrophe économique, et surtout individuelle. Sous-traitants, commerces, tout un monde qui s’écroule. Toute une contrée dévastée par ce séisme économique, que personne ne voyait venir, du moins aussi brutalement. La construction automobile limbourgeoise fermera définitivement ses portes en 2014. L’ogre à mangé le petit poucet. Et pendant ce temps, le politique flamand s’occupe de sa « carrière », en omettant de monter au charbon pour défendre « ses » compatriotes néerlandophones victimes de cet abus de pouvoir des grandes sociétés multinationales. Ford Genk ferme ses portes, et aux dires d’un syndicaliste: « Cette fermeture est pire que celle des mines » En effet, cette région fut déjà touchée, le siècle dernier, par les arrêts d’extractions de charbon.

Bart De Wever, le président de la N-VA (parti nationaliste flamand) ne risque rien, ne prend aucune initiative, n’agit pas. A Anvers, certes, il (son parti) remporta les élections, mais le constat est qu’il semble bien difficile de trouver un quelconque accord pour trouver l’équipe qui dirigera la métropole. Le plus grand port de Belgique, des milliers de travailleurs, la plaque tournante du trafic maritime et ferroviaire, et donc des enjeux très importants pour l’avenir de cette ville. Personne, semble-t-il, ne veut jouer le jeu des vainqueurs, personne n’est dupe de ce que l’avenir deviendra si cette mouvance met ses idées en application.

Les deux sujets, traités ici, n’ont sans doute aucun lien commun, seulement peut-être qu’il ne faut pas être en Grèce ou en Espagne pour connaître des moments difficiles. L’Europe reçoit le Prix Nobel de la Paix, et pendant ce temps là, le peuple ne comprend plus.