Robert Genicot

Estelle, ma goélette ostendaise

Dimanche matin, levé aux aurores, la télé branchée sur France24, pour des nouvelles « pas bonnes » d’où qu’elles viennent, et une info me trouble. Une goélette m’interpelle. Du moins son nom: Estelle! Rien ne peut vous faire réagir, ce prénom n’a vraiment rien d’extraordinaire pour le commun des mortels, de plus est si vous habitez à l’autre bout de la terre. Mais pour moi, ces sept lettres me vont droit au cœur, et pour une raison bien simple: la personne qui le porte partage ma vie depuis onze années, et pourtant je ne m’appelle pas David!

Goélette finlandaise, ce trois mâts humanitaire voulait se rendre à Gaza, avec à son bord des parlementaires européens, afin de défendre les droits humains et briser le blocus maritime imposée par Israël depuis juin 2007, dans cette bande de Gaza. Arraisonné, sans violence et sans opposition de la part des passagers, le « Ship to Gaza Swenden » (Un bateau pour Gaza Suède), le navire était parti le 6 octobre de Naples afin de fournir des fournitures scolaires et médicales, ainsi que des matériaux de construction.

Sans doute, la cause doit être soulignée, mais dans mon cas, cette goélette me transporte idéalement à mon vécu. Une partie de ma vie, très agréable mais très perturbée également. N’ayez craintes, je ne vais pas me livrer sur les antennes de rfi, mais simplement vous faire remarquer que la vie possède de ces instants magiques, et que nous sommes bien « petits » (bon sang, après le prénom, voici le nom: Petit…) au vu de l’immensité du monde -connu- et des péripéties de celui-ci.

Ce billet ne fera certainement pas avancer le smilblic, mais là n’était pas le but recherché. Encourageons ces initiatives, comme de cette goélette. Pour ma part, je vais tenter de conserver cette belle image d’une Estelle portant les droits de son homme à bout de bras, dans l’espoir d’une longue vie dans cette belle cité balnéaire, qu’est Ostende.


La Belgique pas assez « francophone »!

A l’heure ou s’ouvre le 14ième Sommet de la Francophonie à Kinshasa, et à la veille des élections communales en Belgique, les propos de dirigeants nationalistes (ou plutôt indépendantistes) flamands font réfléchir. Pour « ces gens là », il y a bien longtemps que notre pays n’appartient plus à la francophonie. Vous l’aurez compris, le monde politique du nord ne veut plus de référence avec la langues française.
Et pourtant… Sans doute, démographiquement les francophones belges sont minoritaires. Un rapport de 57/43 en faveur de l' »autre » langue nationale, le Néerlandais. Certes, mais de là à vouloir se retirer de l’OIF (créée en 1970, lors de la Conférence de Niamey), il y a un pas que nous ne pouvons franchir.

Le sénateur Karl Vanlouwe (N-VA), a plaidé mercredi pour une sortie de la Belgique de l’Organisation de la Francophonie. Celui-ci dénonça, dans un communiqué, la participation belge au Sommet de la Francophonie à Kinshasa, assurée par le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders (MR), et le ministre-président de la Communauté française, Rudy Demotte (PS). L’adhésion belge devrait, selon lui, être reprise par la Communauté française, appelée aussi Fédération Wallonie-Bruxelles. Rien de moins.

On sait pertinemment que ces indépendantistes attendent avec grande impatience les résultats du scrutin municipal, et aspirent à la victoire de leur chef de file, Bart De Wever à Anvers, pour se positionner en force en 2014, qui verra les élections législatives. Une fois leur plan réalisé, et la positon de force nationale, ils espèrent aussi forcer la scission de la Belgique, et donc faire un état flamand. A ce niveau, il est compréhensible que le Français devienne une langue étrangère pour les « belges du nord« , d’autant que la situation se présente déjà dans les écoles, où les jeunes ne peuvent s’empêcher de choisir une autre langue que celle de Molière, dans les options linguistiques. Vous nous direz, au sud il y a belle lurette que le néerlandais passe à la trappe également, mais ici les raisons sont plus souvent d’ordre économiques, car à part dans les entreprises bruxelloises et dans les commerces à la Côte, le bilinguisme français-néerlandais n’a pas vraiment d’intérêt.

Comme le signalait le Ministre des Affaires Étrangères: « Si la Flandre devenait autonome, ce qui resterait de la Belgique serait d’autant plus francophone ». Alors, sortir de l’OIF ne semble pas pour tout de suite, et ne concernerait qu’une partie des belges. Ceux qui ne le parlent pas, ou qui ne veulent plus le parler. Car en fait, excepté la jeune génération, tous les néerlandophones comprennent et s’expriment très bien dans la seconde langue du pays. Deuxième, non pas en termes mathématiques, mais bien en quantité, puisque nous devons ajouter l’Allemand, langue officielle dans la « troisième » région, avec moins d’1 % de la population.

Petit territoire (30.528 km²), mais lourds problèmes communautaires. La dernière crise gouvernementale, et la plus importante, dura 541 jours. Nous nous attendons à ce que les problèmes récurrents d’appartenance linguistique ne trouvent leurs solutions qu’au terme du bon sens du citoyen-électeur (le vote est obligatoire), qui devrait déjà s’exprimer ce dimanche 14 octobre.

R.G.


« C’est dans la boîte »: roman décalé, thriller recadré

ostende,côte,livre,roman,écrivainIl existe des rencontres passionnantes, inattendues mais valant la peine d’être vécues. Celle de Frédéric Ernotte en est une, que nous ne pourrons oublier. Voici trois ans, celui qui devait devenir écrivain -de talent-, nous contactait pour participer à l’émission télé dont il était assistant-producteur (Citoyen-Citoyenne de Pascal Vrebos), ce que nous acceptions. Une première rencontre simple mais enrichissante. Depuis, Frédéric s’est plongé dans l’écriture, et le résultat se décline dans un roman intitulé: « C’est dans la boîte ».
Un thriller haletant, mettant en scène un « flic », Jef Marnier, plus exactement un inspecteur, et… une boîte! Raccourci bien trop simple pour refléter cet ouvrage, sans doute hors norme. Un jeune auteur à découvrir absolument.

Les vacances, bien maussades que nous connaissions cet été, donnèrent l’occasion de faire un tour du côté de « C’est dans la boîte », et de se laisser aller à la magie d’un délire inquiétant. Frédéric Ernotte vint à la Mer du Nord, en compagnie de plusieurs autres écrivaines et écrivains, lors d’un après-midi dédié aux ouvrages de tous poils. Aux côtés des Henry Vernes et Christophe Giltay, notamment, et d’une vingtaine d’écrivain(e)s, Frédéric participait à un après-midi de la librairie Corman by Filigranes, sur la digue de Knokke-le-Zoute.

Un roman à mettre dans toutes les mains, surtout les vôtres.

ostende,côte,livre,roman,écrivain
Frédéric Ernotte

ostende,côte,livre,roman,écrivain
Avec votre serviteur…

ostende,côte,livre,roman,écrivain

Photos ©: Robert Genicot


Les nationalistes flamands au zénith?

A une semaine des élections communales (municipales), les enjeux se déclarent différents au nord et au sud de la Belgique. Pour les uns, la société doit changer du tout au tout, pour les autres la force du changement doit aussi se conjuguer avec un équilibre savamment dosé. En Flandres, tous les regards se tourneront vers la NV-A (Nieuw-Vlaamse Alliantie, la Nouvelle Alliance Flamande), et plus précisément dans la ville d’Anvers, où se présente le président du parti nationaliste, Bart de Wever.

 Certes, ce scrutin revêt surtout un caractère local. Dans bon nombre de cas, on privilégie la personne au programme ou à la couleur du parti. Mais au delà de ceci, la perspective de 2014, et l’échéance législative, constitue un test très important pour toutes les formations démocratiques. Si les nationalistes flamands remportent haut la main les communales, Bart de Wever pourra se targuer de briguer dans vingt-quatre mois le poste de premier.

Si pour d’aucun, la victoire des extrêmes ne fait aucun doute, tout le monde ne partage pas cet avis. Pour Tom Lanoye, dans une interview de Béatrice Delvaux, publiée dans le Soir du 4 octobre: « Les journalistes sont défaitistes, De Wever sera battu, et Janssens (actuel bourgmestre d’Anvers, socialiste) gagnera comme en 2006 ». Cet écrivain et dramaturge flamand ne détient peut-être pas la vérité absolue, mais on peut penser qu’il en connaît un bout sur la politique belge et anversoise, lui qui interprète une pièce « bilingue » (Français-Néerlandais), chose inédite, et s’étant fortement impliqué lors de la  précédente consultation locale. Pour lui, le dirigeant nationaliste ne vise que son profit personnel, et non un quelconque renouveau de la Belgique.

Pour l’heure, les sondages (qui n’ont valeur que d’indicateurs pervers) montrent moins d’un point d’avance pour De Wever sur Janssens. Voici une semaine, on donnait un écart de dix unités pour les cravates jaunes. Le revers nationaliste pourrait donc venir de la métropole anversoise, et donc conditionner toutes ces villes où la NV-A tente une percée. Et Lanoye d’ajouter: « Il (NDLR: de Wever) n’a jamais rien conduit, sauf sa voiture« …

Aux côtés de l’importance que l’on veuille donner à ces partis (NV-A et Vlaams Belang), pour les traditionnels la bataille fera rage entre le PS (socialistes), le MR (libéraux), le CdH (chrétiens) et les Écolos. Toutefois, dans certaines contrées, les listes d’union feront la loi. Un scrutin qui ne ressemble à nul autre. Proximité, le mot clé pour ce dimanche 14 octobre, et dans ce cas, des surprises devraient apparaître. Et si le régime minceur du président de l’Alliance faisait fondre les engouements nationalistes flamands?


Le rail belge serpente

La guerre semble ouverte entre le rail belge et son ministre de tutelle, le socialiste Paul Magnette. En toile de fond, l’Europe et ses directives. Argument principal du Ministre, selon lui la position de l’Europe veut la scission de la SNCB (Société des Chemins de Fer Belges), en deux entités, l’une se focalisant sur l’Infrastructure, l’autre agissant en tant que Transporteur. Pour les syndicats, il n’est pas question de pratiquer la division complète en deux sociétés, mais bien de réformer en vue d’une seule société intégrée. Des enjeux perçus par deux visons différentes, qui verra une première action de 24h, ce mercredi 3 octobre 2012.

Certes, impopulaires les actions de grèves dans les transports en communs difficile d’en sortir. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Les navetteurs, qui se rendent à leur travail par ces moyens, deviennent les premières victimes des différents entre l’autorité et les travailleurs (qui généralement utilisent également le train…). Mais cela, les syndicats le savent parfaitement, mais ne peuvent trouver d’autres manières de se faire entendre, et en définitive mettre la pression sur les décisions du Ministre.
A contrario, il se dit que des négociations furent engagées, qui devaient aboutir à un compromis « à la Belge« , comme on a souvent l’occasion de le vivre, mais qu’elles furent stoppées pour cause du dépôt de préavis de grève. Sans doute. Mais que penser de la ligne de conduite de Magnette, visiblement plus enclin à s’occuper de son élection comme maire de Charleroi (élections prévues le 14 octobre), et donc de boucler le(s) dossier(s) avant de quitter son ministère.
Mais revenons à cette scission, dont les syndicats ne veulent même pas entendre le mot. Et pour cause! Avant 2005, moment de la première réforme, une seule société pour tout le rail belge. Celui-ci fut donc divisé en trois unités, mais toujours sous la même houlette, l’une devenant Infrabel (l’infrastructure), une autre les Transport (personnel roulant en engins), chapeauté par la Holding (s’occupant de la partie personnel des trois unités). Depuis ce moment, les premières difficultés apparaissent, surtout dans la communication entre les parties, et lorsque l’on sait qu’il y va de la sécurité des personnes transportées, on peut se poser des questions.
Faisant fi des problèmes existants, le ministre Magnette veut tout simplement, car il reçu des « ordres » du Premier Ministre, lors de l’accord gouvernemental, parvenir à ses objectifs de réductions de coûts, à cet éclatement de la SNCB, avec donc deux patrons indépendants, laissant la porte ouverte à la privatisation pure et simple.

Des exemples européens de pareille solution, et ne fonctionnant pas, nous viennent de la Grande Bretagne, de l’Estonie, et d’autres pays qui envisagent fortement de venir ou revenir à la solution d’une société intégrée (le tout sous une seule direction), comme aux Pays-Bas, par exemple. Même dans son pays, le commissaire européen aux transports, Siim Kallas se voit réfuté, lui qui prône pour la scission. Pour les syndicats (socialistes, chrétiens, libéraux et indépendants) l’attitude du Ministre ne peut être laissée sans réaction. Il faut savoir qu’en Belgique, plus de 50% des travailleurs (dans certains secteurs le chiffre est faible, tant la culture syndicale  est bien présente), ce qui détermine la force de ces organisations.

Les choses ne vont peut-être pas changer au terme de cette action, signalons également que le trafic international (Thalys et Eurostar) sera également à l’arrêt, mais avec un peu de bonne volonté de part et d’autre des solutions devraient être trouvées. Aussi, terminons par cette conclusion, dans le cas ou rien ne change, d’autres actions devraient voir le jour pour la seconde semaine d’octobre, et pourquoi pas venir perturber les élections communales (municipales)…