Educateurs flamands, laissez nos enfants parler français !

Article : Educateurs flamands, laissez nos enfants parler français !
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7 décembre 2012

Educateurs flamands, laissez nos enfants parler français !

Dernièrement, on apprenait que certaines écoles en Belgique punissaient des élèves, car ils parlaient une autre langue que le flamand dans les cours de récréation. La Flandre, au nord de la Belgique, affiche de plus en plus son indépendance, du moins son désir de promouvoir la langue de Vondel. Les élèves concernés s’exprimaient en turc ou en marocain, et on peut penser que ces punitions ne concernaient que des écoles de la périphérie bruxelloise, situées en région flamande. Pas si sûr ! Nous avons vécu, le long de la côte belge, une situation identique, non pas avec des punitions mais avec des avertissements pour les enfants qui voudraient s’exprimer en français.

Interdiction de s’exprimer autrement qu’en néerlandais à l’école

A l’inscription en secondaire de notre fille, comme nous parlions français, il nous fut signalé qu’il était interdit aux élèves de parler une autre langue que celle de la région, notamment dans la cour de récréation. Dont acte. Pas de soucis pour notre enfant, puisque depuis ses deux ans et trois mois elle habite en Flandre, et qu’elle est est scolarisée dans cette belle région.

Notre enfant comprend le français – nous le parlons à la maison – et commence à le lire et à l’écrire. Comme nous ne lui avons pas donné cours, elle le fait phonétiquement. Mais là où elle excelle, c’est tout naturellement en « ostendais », le dialecte de la région. Ce n’est pas du « bon » néerlandais, cela tout les flamands le reconnaissent, mais un patois comme on peut le trouver dans tout les pays, et également en Wallonie.

Nous acceptons, bien évidemment, la notion d’intégration. Cela ne peut se contester. Mais, à notre avis, le problème est plus vaste. Si du côté francophone de notre petite Belgique, il n’est pas question de parler autre chose que le français dans les administrations, non pas par interdiction, mais par incapacité, pour ce qui est du Nord, on constate – du moins à Ostende – qu’on peut très bien se présenter à la mairie et être compris et se faire comprendre dans d’autres langues que celle de l’employé. La ville balnéaire se situe en fin de voyage de beaucoup d’immigrés, venant de l’Est. D’ailleurs, depuis le renforcement des contrôles, camions ou bateaux, les candidats à la traversée de la Manche s’installent sur la Reine des Plages, à Ostende. Un guichet spécifique pour les « étrangers » de tous pays, accueille – dans la maison communale – ces personnes ayant quitté leur contrée. Généralement, cela se passe en anglais, mais aussi en français, plus rarement en arabe. Mais toujours à demi-mot, ou sous le couvert d’un bureau fermé. Il en va de même pour toutes les administrations, comme les Finances, le chômage, ou encore l’aide aux plus défavorisés.

Pourquoi empêcher des enfants de s’exprimer dans la langue de leur choix ?

L’intégration, c’est effectivement vivre pleinement dans sa nouvelle région. Participer aux obligations de la population, mais aussi en recevoir des droits. Pour les enfants, l’important est d’être scolarisés dans les établissements de la région, et donc d’y parler la langue. Mais cela ne doit pas impérativement ouvrir la porte aux excès, et donc empêcher des enfants de s’exprimer entre-eux dans le phrasé de leurs parents. Pour une bonne intégration, notons que l’Europe demande à ses agents la qualification de s’exprimer dans deux langues européennes. On sait aussi, qu’apprendre à l’école une matière – quelle quel soit – est laborieux. Apprendre « sans faire d’effort », comme la langue maternelle apprise dès les premiers mois (par l’oreille) des parents, doit se concevoir pour une bonne harmonie des peuples, et dans le futur ces personnes ayant le bagage de deux ou même plus façons de communiquer, pourront entrevoir l’avenir avec un peu plus de succès. Mais cela est une autre histoire dont les « Flamands » ne veulent pas entendre parler.

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Commentaires

William Bayiha
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C'est un bon billet. En fait la question c'est pourquoi ils interdisent ? Eh bien c'est pour mater non pas le corps, mais l'esprit. Le problème est celui d'un rapport de force. Nous les Africains, on l'a connu pendant la colonisation et même après. Parler la langue de l'autre, c'est nier sa propre originalité, sa propre créativité et finalement soi-même. Mais c'est une erreur que l'article stigmatise avec beaucoup de justesse. Bravo.